NOTRE HISTOIRE
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LE TOURNON : UN CAFE HISTORIQUE DE SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS
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Le Café Tournon n’existerait sans doute plus sans les multiples artistes et intellectuels qui ont passé ses portes, jour après jour, année après année.
Depuis près d’un siècle, ce lieu a été celui de réunions littéraires, de débats philosophiques ou autres rêveries artistiques et musicales, mais également, au vu de sa proximité du Sénat, de déjeuners politiques plus discrets.
On vous raconte l’histoire de cet établissement emblématique de Saint-Germain des Prés.
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DES DÉBUTS SOUS LE SIGNE DE JOSEPH ROTH, MEMORIALISTE D’UN EMPIRE DISPARU
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Il y a quatre-vingt deux ans, mourait en exil, à Paris, l’un des plus grands écrivains de l’ancienne monarchie austro-hongroise, Joseph Roth (1894- 1939).
Issu d’une famille juive des confins galiciens de l’Empire (aujourd’hui partie de l’Ukraine), Joseph Roth se convertit au catholicisme et passa du socialisme utopique au monarchisme nostalgique.
Il est l’auteur, entre autres, de La Marche de Radetzky paru en 1932, roman qui met en scène l’ascension puis la chute de la famille Trotta, parallèlement à celle de l’Empire austro-hongrois, de Solferino jusqu’à la mort de l’Empereur François-Joseph.
Joseph Roth est au même titre que son ami Stefan Zweig – dont on connaît Le Monde d’hier, le témoin du naufrage de l’Empire austro-hongrois. Joseph Roth supportait si peu la vulgarité et la barbarie - qu’il voyait monter à l’assaut du monde civilisé avec l’arrivée du nazisme - qu’il n’a cessé de fuir, d’abord de Lemberg pour Vienne, puis de Vienne pour Berlin, enfin de Berlin à Paris.
Chaque matin de son exil, il rebâtit le monde au Café Tournon, attablé près de la fenêtre, assis toujours exactement à la même place sur la banquette, à l’ombre du Sénat.
Noyant ses chagrins dans l’alcool (« une page, un pastis », avait-il coutume de dire à la logeuse du Café Tournon) où une plaque rappelle au passant que c’est là que fut écrit La Légende du Saint Buveur, il s’écroule à sa table du Café Tournon le 27 mai 1939.
Après-guerre, le Café Tournon reste ce lieu de refuge pour les artistes « en exil » notamment Nord-Américains.
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CAFE TOURNON : LE LIEU DE RENCONTRE DES ARTISTES AFRO AMERICAINS D’APRES GUERRE
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L'après-guerre en Europe fut une bien étrange période.
Il ne restait plus grand chose des vieilles villes, dont la plupart avaient été ravagées par les bombardements.
Paris est alors le centre culturel d'Europe.
Paris attire les artistes, les écrivains, les stars du cinéma et du jazz du monde entier. Paris a cette force inexplicable, cette propulsion dynamique à laquelle on ne peut pas résister.
C'est autour de ses cafés que les expatriés gravitent, et en particulier le Café Tournon.
Dans les années 1950, ce fut le lieu de rassemblement des écrivains afro-américains expatriés et des artistes comme James Baldwin, Chester Himes, Richard Wright, William Gardner Smith, le peintre Beauford Delaney et le sculpteur Howard Cousins. Le jazz-band de Duke Ellington fit ses débuts parisiens au Tournon, initiant ainsi la jazzmania qui déferla sur le quartier de Saint-Germain-des-Prés.
Toujours venu d'Amérique, Georges Plimpton, écrivain, acteur et l'un des fondateurs du célèbre journal The Paris Review, choisit le café Tournon comme lieu de prédilection pour écrire et rencontrer ses compatriotes.
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LA PÉRIODE CONTEMPORAINELA PERIODE CONTEMPORAINE
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En 1974, Michel Deville décide de tourner au café Tournon Le Mouton Enragé, avec Jean-Pierre Cassel, la ravissante Romy Schneider, Jean-Louis Trintignant et Jane Birkin.
Le Café Tournon devint une vedette, et apparaît aussi dans le roman de Patrick MODIANO, Le Café de la Jeunesse Perdue ainsi que dans son roman vaguement autobiographique Un cirque passe, dans lequel il décrit bien l'ambiance du Café Tournon au début des années 1960.
Le Café Tournon continue d’attirer artistes, éditeurs, intellectuels et sénateurs et reste un lieu qui a gardé son âme.
Depuis 2022, après avoir fait ses gammes Chez Huguette, belle maison sise au 81, rue de Seine à Paris, c’est Adrien Flottes, fils d’Olivier Flottes (ex. Brasserie Flottes, Huguette), qui a repris les rênes du Tournon.
Le début d’une nouvelle aventure pour le jeune homme accueillant de 26 ans qui perpétue ainsi l’héritage familial.